Le petit train train train qui nous emmene loin loin loin ..

La porte du wagon s'ouvrit, laissant passer une adolescente aux cheveux noirs de jais noués en deux longues nattes, et surtout vêtue un peu étrangement.

Ses yeux d'un violet profonds scrutèrent le wagon, bien rempli au passage. Ah là, une place. La pas si jeune que ça fille se dirigea vers Bil'ha et s'assit en face d'elle.
" Bonjour." sourit-elle.

* Ouh, une Ishbale. Vaut mieux pas qu'elle sache qui est mon fils. Déjà que si elle sait ce que je suis ça va être beau ... enfin on verra bien.* se dit-elle juste après.

" Vous allez à Central également ? " questionna Soraya.

Que son interlocutrice soit Ishbale lui importait peu, tant qu'elles n'abordaient pas les sujets qui fâchent : l'alchimie surtout. L'homonculus n'avait pas envie d'arriver chez son fils de mauvais poil.

Elle attendit donc sans se départir de son sourire.

"Oui !" rétorqua-t-elle, supposant donc que son interlocutrice aux étranges yeux violets, qui semblait ... Elle n'aurait sût le définir très précisement. Qu'était-elle, au juste ?

"Et vous... êtes ?" se permit-elle brusquement de l'interroger.

" Oh pardon ! Je m'appelle Soraya Ludlow, je viens d'une petite ville à côté de la capitale. "

Elle avait remarqué le regard suspicieux de l'Ishbale. Allait-elle deviner ce qu'elle était ? Peut-être pas. L'homonculus savait pour les avoir côtoyé pendant la guerre en tant que médecin, que ce peuple n'aimait pas l'alchimie.

Or elle, elle en était issu. Soraya était une des pires aberrations de l'homme, leur péché. Quelle serait la réaction d'une personne qui détestait l'alchimie ? Soraya n'avait guère envie de le savoir.

Brusquement, un souvenir lui vint en mémoire. Un souvenir ? Non, une sensation. Cet odeur si particulier, le parfum de sa mère, la douce lumière qui filtrait dans le temple tôt le matin tandis que sa mère frotait déjà durement le sol de ses mains et qu'elle courrait avec ses frères pour jouer à cache-cache, tandis que le prêtre les sermonnait doucement, avec amusement. Soraya Ludlow... Elle était persuadé d'avoir déjà entendu ce nom au moins une fois. Où et quand ? Dans quelle circonstance ?

"Bil'ha Adelstein", répondit-elle fièrement, se redressant. Elle était fière de son nom. Dans le culte Ishbalien, on raconte que le prénom est un cadeau de Dieu. Ainsi, elle en était ravie, de ce cadeau.

"Moi je viens... " elle marqua un temps d'arrêt. C'était probablement évident non ? Elle ne pouvait venir que d'Ishbal... tout du moins, autrefois...

" Bil' Ha .... tu as bien grandi ma petite. Ta blessure à la jambe s'est bien guérie je crois. Normalement la cicatrice se voit à peine." fit Soraya.

Oui, elle se rappelait de son visage. Elle l'avait soignée après une blessure à la jambe, ainsi qu'un de ses frères et sa mère. Mais ... il lui semblait que la famille n'avait pas connu une fin heureuse.

L'homonculus tendit ensuite son billet au contrôleur. Peut-être que le fait qu'elle aie soigné sa famille lui épargnerait un souci futur si jamais la jeune fille devinait ce qu'elle était.

* Elle n' a pas vu. Mais ça ne tardera pas. Elle le remarquera forcément.* songea Soraya en baissant les yeux.

Elle s'attendait à la réaction de la jeune fille quand ça arriverait. Peu importe, l'essentiel était qu'elle aille bien à présent. Par contre, Soraya hésitait à lui demander des nouvelles de sa famille.

Pas la peine de remuer des souvenirs douloureux.

Attendant que le controleur finisse de controler leurs billets, elle scruta plus attentivement le visage du docteur Ludlow.

"A propos, c'est marrant. " lanca-t-elle, l'air amusé et malicieux. "On dirait que vous n'avez pas vieilli depuis la dernière fois qu'on s'est vue !"

Elle se retint pour ne pas lui demander sa crême anti-rides, visiblement très efficace.

" Non je n'ai pas vieilli." admit la doc.

Elle décida d'être franche avec elle. Du moins de l'aider à comprendre sa vraie nature. Advienne que pourra.

" A vrai dire ... je ne peux pas vieillir." reprit-elle.
Elle planta ses yeux améthyste dans ceux de l'Ishbale. Ses yeux à la pupille en fente, un des premiers indices sur ce qu'elle était. Soraya avait un fin sourire. Bil-ha comprendrait sûrement, restait à l'accepter.

" Je ne suis pas un être humain. Je suis un homonculus, un être artificiel créé par l'alchimie. Un produit de l'orgueil humain, une erreur, un crime." avoua-t-elle.

Voilà, elle avait dit la vérité. Elle ne vieillissait pas parce qu'elle n'était pas humaine. Mais ça ne faisait pas d'elle un monstre. Soraya n'avait pas choisi d'être comme ça.

Elle avait eu la chance d'être du bon côté, malgré des hauts et des bas.

Bil'ha mit plusieurs minutes à digerer l'information. Des hommes... produit de l'alchimie. Elle conclut rapidement que ce ne pouvait qu'une abomination. L'alchimie, c'était mal. Donc, un homme ou une femme créé par de l'alchimie, c'était l'ombre de Dieu. Elle regarda le docteur qu'elle avait connu - oui, avait- avec un regard différent. Comme si elle y cherchait le docteur qu'elle avait connu.

D'abord, elle se dit qu'elle existait parce que des hommes avait pechés. Mais l'instant suivi, l'odeur de sa mère lui revint en mémoire. Le parfum de son enfance. Avant, elle sentait cet odeur partout, dans l'air, sur sa mère, sur les moines, sur les pierres du temple. Autrefois, elle était vivante, à sa facon. C'était triste. Elles étaient dans la même situation : elles étaient marginales. Malgré tout, Bil'ha restait une prêtresse d'Ishbala, tandis que le docteur Ludlow...

C'était peut-être un signe d'Ishbala, se reprit-elle, songeuse, serrant inconsciemment ses mains sur sa cape. Peut-être que son Dieu voulait lui rappeler que là où il y avait de la lumière, il y avait aussi de l'ombre. Et alors, à cet instant, elle se mit à ressentir de la pitié pour le docteur Ludlow.

"Docteur..." dit-elle enfin, d'une voix calme et douce. " Je crois que ce n'était pas un hasard que nous nous renvoyions après toutes ces années. Je crois que... Je serai toujours une prêtresse d'Ishbala... Je suis là pour me tenir dans la lumière de Dieu, mais je crois que ... C'est méchant." lacha-t-elle, se mordant la lèvre inférieure. "Mais je crois qu'Ishbala vous a envoyé à moi pour que me montrer que dans la lumière de mon peuple, il y a un peuple qui en est l'ombre."

" Je crois plutôt qu'Elle veut de montrer que dans l'ombre il y a aussi de la lumière. Parmi les gens d'Amestris s'en trouvent des honorables, des repentis. Moi je n'ai jamais demandé à être ce que je suis, néanmoins je n'en veux à personne. C'est à moi et à moi seule de décider ce que je veux être." répondit Soraya.

Elle se doutait bien que sa nature devait un peu chiffonner la jeune fille. Mais qu'y pouvait-elle ? Soraya était un homonculus, et c'est tout.

Soudain, la porte s'ouvrit brutalement. Trois hommes avec un air d'emm ... bêtant entrèrent. Soraya fronça très légèrement les sourcils.

Les gars avancèrent, regardant autour d'eux. Ils s'arrêtant au niveau de Bil'ha et de Soraya. Leur regard s'emplit de colère face à la jeune prêtresse.
" C'tu fous là toi ? T'as rien à faire dans ce compartiment ! Va plutôt dans le wagon à marchandises !!" lança l'un deux.

" Et toi retourne donc aux toilettes, ta tête doit encore se trouver dans la cuvette." rétorqua Soraya avant que Bil'ha ne réponde.

Le gars à qui Soraya avait parlé n'apprécia pas du tout la remarque.
" De quoi je me mêle gamine ? C'est à l'autre que je m'adresse ! Et on va voir ça si tu va pas virer !!" s'exclama-t-il.

Les deux autres derrière lui ricanèrent. L'homma allait se saisir de Bil'ha, quand soudain ... son cou de se retrouva pris entre deux grandes lames.
" A ta place, j'irais voir ailleurs si j'y suis. Parce qu'autrement ta bêtise te coûtera ta sale gueule." avertit Soraya.

Son bras avait pris une texture métallique depuis le coude, et se terminait par les lames prêtes à sectionner le cou de l'importun. Les yeux et la voix de l'homonculus étaient devenus glacials.

L'homme était maintenant pétrifé, n'osant plus faire un geste. Sa main était non loin du bras de Bil'ha, et de grosses gouttes de sueur perlait sur le visage masculin.

Le gars qui avait voulu saisir Bil'ha ne recula toujours pas, complètement affolé.
" Mais ... t'es qui toi ?" demanda un autre gars.

" La dernière chose que vous verrez si vous ne déguerpissez pas de ce wagon. Et le premier qui s'approche de trop rpès de la jeune fille là ..." répondit Soraya.

Elle tendit son autre main, fermée, et des griffes en métal sortirent d'entre les phalanges.
" Je le castre. C'est clair ?"

C'est qu'elle ne plaisantait pas. Les types déglutirent, puis commencèrent à s'éloigner. Soraya rentra les grandes lames, et son prisonnier s'en alla en vitesse.

" Bande d'imbéciles." siffla Soraya.
Ses bras redevinrent normaux. Elle planta ensuite son regard dans celui de l'Ishbale.

" Pourquoi me regarde-tu comme ça ? Je suis l'homonculus du métal, et après ? Qu'est-ce que ça change ? Ce n'est pas parce que les uns pensent que je suis un monstre, que c'est forcément vrai." fit Soraya d'une voix neutre.

L'homonculus ne cilla pas face au regard colérique, teinté de reproches et un peu de dégoût de Bil'ha.
" Je n'ai pas choisi d'être ce que je suis. Toi qui a subi le regard dont tu me gratifie, tu comprends ce que c'est non ? Ce n'est pas parce que certains Amestriens ont vu en ton peuple des bêtes bonnes à tuer, que c'est que vous êtes." reprit-elle.